mardi 2 mai 2017

Jules Renard - Journal (1887-1910)

“– Et comment va madame ? – Mais je vous remercie : elle va très bien… Ah ! qu'est-ce que je dis là ! Elle est morte.”

“Aujourd'hui on ne sait plus parler, parce qu'on ne sait plus écouter. Rien ne sert de parler bien : il faut parler vite, afin d'arriver avant la réponse, on n'arrive jamais. On peut dire n'importe quoi n'importe comment : c'est toujours coupé. La conversation est un jeu de sécateur, où chacun taille la voix du voisin aussitôt qu'elle pousse.”

“La gloire, c'est d'abord une belle plage. On se roule dans son sable fin, puis, bientôt, on sent une odeur mauvaise, celle des poissons que les femmes viennent vider sur le bord.”

“Surmenons-nous, surmenons-nous pour vivre vite et mourir plus tôt.”

“Ils ne me lisaient pas tous, mais tous étaient frappés.”

“Comprendre tout, c'est n'égaler rien.”

“Le monde n'a peut-être été créé que pour réaliser le mal. Si, au lieu de contrarier le mouvement, nous le suivions, on obtiendrait un bon résultat.”

“Je lui trouve une mine d'animal intelligent : il n'a en trop que la parole.”

“Des jeunes gens de vingt ans m'ont dit : – Vous êtes plus fort que La Fontaine. Quand je répète cela, je dis : – Ils sont jeunes et candides, mais extraordinairement intelligents pour leur âge.”

“Que de gens, au sortir des Tisserands, ont dit : « Et maintenant, allons souper ! » Nous voulons que la misère des autres nous émeuve. C'est bon, ça fait du bien. On se sent meilleur, grandi, tout chose ; mais, de là à donner deux sous…”

“Il ne fut vraiment payé qu'à « l'article » de la mort.”

“Bouderie : une grève de gamins.”

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire