lundi 11 décembre 2017

L'écorché vif...

Adorateur d'Octave Mirbeau comme d'autres sont adorateurs de Satan, je ne pouvais décemment  pas passer à côté de cette publication qui rend hommage à ce grand écrivain-pamphlétaire pour les 100 ans de sa disparition. (UN siècle déjà !)

Tout d'abord, je ne connaissais pas « Les Editions Libertaires » qui semble associer au mouvement anarchiste. J'ai été agréablement surpris par la qualité de l'ouvrage, à la couverture suffisamment rigide, au papier plutôt épais, à l'iconographie très riche et variée. Pour 15 euros, on en a pour son argent...

Pour le contenu, ce n'est pas vraiment une biographie au sens strict, mais plutôt une promenade - parfois foutraque à l'image de ses collages littéraires – au fil de sa vie, qui resitue un Mirbeau dans le contexte politique de l'époque, que ce soit l'antisémitisme, l’anarchisme ou l'affaire Dreyfus... C'est d'ailleurs l'un des seuls reproches que je fais à ce livre ; il s’appesantit trop longtemps, à mon goût, sur les mouvements anarchistes - même si cela reste très érudit et fort intéressant – et trop peu sur le personnage Mirbeau en comparaison. J'ai eu l'impression de lire parfois un traité sur l’anarchisme... (directive de la maison d'édition ?)

On y découvre, entre autres chose, un Mirbeau sensible, à l'enfance « difficile », très sensible aux femmes de petite vertu, qui fit des choix dramatiques au début de sa carrière ; comme participer à un journal antisémite pour gagner sa croûte... Et qui passa le reste de sa vie à essayer de se racheter. Il deviendra d'ailleurs un Dreyfusard de premier plan. Une sorte de Céline repenti, ce qui explique qu'il est si méconnu et invisible dans les livres scolaires...

En somme, c'est un ouvrage fort agréable à lire, très pointu, où l'auteur se permet parfois une certaine liberté de ton, une familiarité, qui détonne dans ce genre d'ouvrage.

Alain (Georges) Leduc, Octave Mirbeau : le gentleman-vitrioleur : 1848-1917, Les Editions Libertaires, 230 pages.


Souvenez-vous ! Déjà en 1888, au Figaro, il exhortait les électeur à ne pas voter :

samedi 11 novembre 2017

vendredi 3 novembre 2017

Tranquille... en slip...

Jack London à gauche (left).

Féerie pour une autre fois I & II

Présentation de l’éditeur :
“ Voici Clémence Arlon. Nous avons le même âge, à peu près… Quelle drôle de visite ! En ce moment… Non, ce n’est pas drôle… Elle est venue malgré les alertes, les pannes de métro, les rues barrées… et de si loin !… de Vanves… Clémence vient presque jamais me voir… son mari non plus, Marcel… elle est pas venue seule, son fils l’accompagne, Pierre… Elle est assise, là, devant ma table, son fils reste debout, le dos au mur. Il préfère me regarder de biais. C’est une visite embarassée… ”
Dans ce roman publié en 1952 par Gallimard, Louis-Ferdinand Céline retrace les tout derniers mois de l’occupation allemande en France et sa terrible détention au Danemark.

Une "critique" (un peu datée)...
Ce livre se décompose en 2 parties. Dans la première, Féerie pour une autre fois I, Céline expose son isolement dans sa prison au Danemark,  sa solitude, sa maladie « du cul », les problèmes avec ses « co-détenus », les « hurleurs » qui l’empêchent de se reposer. Tout cela entrecoupé de ses hallucinations, de sa paranoïa galopante, de ses délires de persécutions habituels. Puis suit une description de l’ambiance de la Butte Montmartre des années 40 avec sa rencontre avec Jules (inspiré par Gen Paul), personnage haut en couleur, artiste peintre/sculpteur « obsédé » par la gente féminine, complètement « halluciné » par Céline. 
Dans la seconde partie, Féerie pour une autre fois II (ou Normance), le « scénario » tient sur un timbre-poste : Paris subi un bombardement en 44, Paris est à feu et à sang, l’immeuble, où se trouve Céline, Lili sa femme et le chat Bébert, menace de s’effondrer d’une minute à l’autre ; ils essayent d’en sortir avec les autres habitants (en descendant l’escalier). Cette seule nuit de bombardement est décrite sur près de 400 pages ; l’action quasiment nulle est soutenue par les délires, les hallucinations, les exagérations et le style de Céline. J’avais toujours lu que c’était (Normance) le livre le plus difficile à lire de Céline (car soutenu QUE par le style) ; eh bien, j’ai englouti sans trop de difficulté ces 400 pages de purs délires céliniens, mais ai moins aimé la première partie (Féerie pour une autre fois I), que j’ai trouvé bizarrement plus confuse. Roman(s) pour célinien (« célinophile » ?!) averti !
A noter : Emile Brami défend la « thèse » que les jurons du Capitaine Haddock (Céline, Hergé et l’affaire Haddock, Éditions Écriture) serraient inspirés des insultes de Céline, serraient d’origine célinienne ; en lisant Féerie, il est très facile de trouver cela pertinent…

«[…] Il [Marc Empième] est bien plus malade que moi et il produit comme un Homère ! Moi mes maux de tête, mes insomnies me sonnent, annihilent, lui moins il dort plus il chef-d’œuvre ! […]» p.42

« La vie c’est des répétitions, jusqu’à la mort » p.48

«[…] Vous me faites chier avec Brasillach ! Il a pas eu le temps de s’enrhumer, ils l’ont fusillé à chaud ! […]» p.76

« L’histoire c’est la mémoire des faits ! » p.77

«[…] la rose est bien la fleur suprême… corbeilles, cinq à sept, couronnes, vous y coupez pas !… du berceau au Profundis la rose répond du Ciel pour vous… C’est pas à discuter, mignards, grelotteux, momies !… où y a les plus belles roses on va, on vient, on aime, on défunt… […]» p.87

«[…]
- Oh, cancer ! cancer !
Ils voulaient m’éprouver le moral !
Ni une ni deux ! mon doigt dans le cul ! je prélève ! je leur en barbouille le nez !
- Cancer ça ? polissons ! ânons ! l’odeur ? l’odeur ? sui generis ? pellagre ! corniflots ! pellagre !
Voilà l’enseignement ! » p.102

«[…] c’est des filigranes la vie, ce qu’est écrit net c’est pas grand-chose, c’est la transparence qui compte… la dentelle du Temps comme on dit… la « blonde » en somme, la blonde vous savez ? dentelle fine si fine ! au fuseau, si sensible, vous y touchez, arrachez tout !… pas réparable… la jeunesse voilà !… myosotis, géraniums, un banc, c’est fini… envolez piafs !… dentelle si fine… » p.113

«[…] le Cinéma ? (…) Tout-film  achève ! Cerveaux, porte-monnaie !… L’hypnotiseur des cavernes !… tiédeur, moiteur, peluche, branlette, orgues, ors !… La concurrence ! Vous, votre pensum, vous arrivez ! bonne mine ! Regardez clients et clientes emmoités, émerger chancelants blets des Antres, plus reconnaissant nord de sud ! de l’ouest ! se trompant de tout !… réverbères !… métros !… pantalons, jupons !…. tâtonnant ! quartiers !… sexes !… étages !… la tête pour leur derrière !… ils veulent plus que retourner s’asseoir… Ah ! mûrir encore ! bléchir plus ! blets, plus blets !… s’oublier sous eux… mûrir ! fondre… ils coulent déjà  plein les tapis… […]» p.118

«[…] l’âme humaine est pleine de poisons mal distillés… d’où toutes ces pensées encrassées… […]» p.223

«[…] C’est la vie un jus d’orange quand vous pesez plus trente kilos ! […]» p.224-225

«[…] Quand je me finirai je vais vous dire : c’est en pensant aux animaux, pas aux hommes ! (…) Je veux pas que la mort me vienne des hommes, ils mentent trop ! ils me donneraient pas l’Infini ! » p.226-227

« Je récapitule… je condense… c’est le style Digest… les gens ont que le temps de lire trente pages… il paraît ! au plus !… c’est l’exigence ! ils déconnent seize heures sur vingt-quatre, ils dorment, ils coïtent le reste, comment auraient-ils le temps de lire cent pages ? et de faire caca, j’oublie ! en plus ! […]» p.229

«[…] les touristes voient rien… croient rien… pensent rien… Ils descendent des autocars ils boivent ils remontent… « Au revoir ! monsieur ! » Les femmes qu’on viole agoniques enchaînées ligotées, les touristes les voient jamais !… C’est pourtant trois mille ans d’Histoire !… C’est un paradis le Tourisme !… » p.235

«[…] y a un paradis pour charognes aussi bien sur la terre qu’au ciel… ça meurt pas vraiment la voyoute, la saloperie, la vraie abjecte, ça passe d’un paradis à l’autre, avec fortune, boniches, autos… ça prend juste son joli billet, et youst ! absolutionnée et salut ! Ça vous chie les doigts !… c’est né pour couper aux Enfers, celui de ce monde, celui d’après… ça fait que jouir et pleurnicher… tout afur ! jamais paumé !… à la  vôtre ! bonne vôtre ! sans rancune ! on comprend trop tard… […]» p.297

«[…] question des hommes et des femmes y a que les malades qui m’intéressent… les autres, debout, ils sont tout vices et méchancetés… je fous pas mon nez dans leurs manèges… la preuve : comme ils arrangent leur cirque que c’est plus habitable, vivable, par terre, en l’air, ou dans le couloir ! encore en plus qu’ils parlent d’amour, en vers, en prose, et en musique, qu’ils arrêtent pas ! culot ! et qu’ils engendrent ! acharnés fournisseurs d’Enfer ! et péroreurs ! et que ça finit pas de promettre !… et que ça s’enorgueillit du tout ! et bave et pavane ! Y a que couchés, crevants et malades qu’ils perdent un peu leur vice d’être hommes, qu’ils redeviennent pauvres animaux, qu’ils sont possibles à approcher… […]» p.309-310

« C’est le Devoir la boussole de l’homme ! qui l’empêche de déconner… […]» p.343

« Quand on se retrouvera tous dans le trou, dans le fond d’un vide, avec des pieds dépareillés, les têtes des uns, les burnes des autres, que la Butte sera en creux de cratère… tous sous l’effondrement du Tertre, alors y aura plus d’histoires, on verra qui c’est planqué, qu’a eu des réserves de tomates, d’ananas, de gniole, d’anisette, et la peau de Bébert !  (…) l’amour et l’horreur c’est pareil… un point ça va… ça dure, c’est trop !… […]» p.403

«[…] Le monde est une boule à mirages qui dansotte sur la mauvaise foi, comme l’œuf à la foire, au tir… pensez si c’est le système fragile ! s’il faut prendre tel jet… pas tel autre ! y a mauvaise foi et mauvaise foi ! […]» p.405

« J’accepte vos critiques, vos insultes, mais à la condition expresse que vous soyez pas de ces gens qu’empruntent, resquillent, parpillent les livres ! peste de l’espèce ! si vous l’avez foiredempoigné au « prêtez-le-moi-je-vous-le-rendrai » ça serait mieux de vous taire… bien sûr, les mœurs sont avec vous !…on peut affirmer tranquillement qu’un livre ça s’achète plus, ça se vole… c’est même une sorte de « point d’honneur » de plus jamais acheter un livre. Pas un sur vingt qui vous a lu qui vous a payé ! c’est pas triste ? allez demander question jambon si une tranche peut faire vingt personnes ? si un fauteuil au cinéma tient quarante fesses ?… bonjour à vous, pauvre pillé ! écrivaineux ! encore le pire du pire peut-être c’est le mépris qu’ils ont que c’est gratuit !… la façon qu’ils abîment votre œuvre, la détestent, s’en torchent, comprennent balle, sautent fourguer ce qu’il en reste au Quai… vous me direz : y a un remède ! y a qu’à noyer les prêteurs ! emprunteurs avec ! que ceux qu’ont douillé grimacent !… soit ! l’épicier trouve tout naturel qu’on lui chine un peu son hareng… mais allez lui secouer ? la Police !… moi là, que j’aille débagouler, clowner pour rien, c’est pas l’horreur ? qu’ai tant payé !… de penser qu’on m’artiche, je blêmis, je suffoque pire qu’entre les poignes de l’ogre !… je coagule sang cœur nerfs… pire que Delphine !… je perds connaissance le mec qui s’amène : Prêtez-le-moi !… et encore tenez ! regardez ! la chaleur du récit m’emporte ! je vous file cette digression pour rien ! de la philosophie !… je vous la donne ! Muse dilapideuse salope, marre ! » p.430-431

«[…] du temps de ma grand-mère, le faux avait une odeur, maintenant il sent plus !… si il avait encore l’odeur faudrait fermer tous les Musées !… » p.441

«[…] y a pas de justice ici sur terre, y a que des comploteries… des bourbes de vices… […]» p.452

«[…] que j’étais un sale pornographe… libidineux en plus de traître, le plus outrageant du siècle !… à faire rougir les pissotières ! qu’il fallait nettoyer la France et la langue française d’un sexographe démoralisateur, dégrammeur pareil qui souillait la Patrie sacrée et son patrimoine littéraire !… que jamais ça serait plus la France si on égorgeait pas ce porc ! moi, le porc ! […]» p.538-539

«[…] c’est comme ça les catastrophes… tout vrai d’un côté, tout faux de l’autre !… […]» p.568

« On peut pas prévoir la foudre !… elle épargne ci ! volatilise là !… un mètre de plus, un mètre de moins, vous êtes envoyé aux Ethers ou il vous reste cinquante ans de bon, cinquante ans à vous rendre à Lourdes beugler miracle, racheter les bouts de cierges, les faire fondre, les offrir comme neufs, rebeugler… y a des mètres qui sont bénis, même des centimètres !… des millimètres qui valent des vies !…les friponneries de l’écorce terrestre sont pas à croire ! […]» p.580-581

«[…] Taisez-vous vieille peau ! ridée infection !… (…) trusteuse accapareuse salope ! (…) pourrie de pisse puante ammoniacale ivrognesse mouchardeuse voleuse ratonne provocatrice pire que tout !… […]» p.600

«[…] Epoustoufleur à bonniches […]» p.603

«[…] il a payé ses «phénomènes» Pline l’Ancien !… moi aussi j’ai payé un peu… y a que ce qu’est payé qui compte !… gratuit, c’est « Jean-Foutre Cie ! » blablateurs, charlatans, la clique !… aux chiots ! tous ! aux chiots !… pas écoutables !… une bande de pets !… je dis !… je dis !… […]» p.611

Editions  Gallimard / Folio - 633 pages

Il ne fallait pas engendrer...

Cioran
"La seule chose que je me flatte d’avoir comprise très tôt, avant ma vingtième année, c’est qu’il ne fallait pas engendrer. Mon horreur du mariage, de la famille, et de toutes les conventions sociales, vient de là. C’est un crime que de transmettre ses propres tares à une progéniture, et l’obliger ainsi de passer par les mêmes épreuves que vous, par un calvaire peut-être pire que le vôtre. Donner vie à quelqu’un qui hériterait de mes malheurs et de mes maux, je n’ai jamais pu y consentir. Les parents sont tous des irresponsables ou des assassins. Les brutes seules devraient s’employer à enfanter. La pitié empêche qu’on soit « géniteur ». Le mot le plus atroce que je connaisse."
Emil CioranCahiers.

jeudi 2 novembre 2017

La foi...

" Ceux qui disent que toutes les aberrations contemporaines et tous les excès qu’a connus notre siècle sont dus à notre éloignement de Dieu oublient trop vite que le Moyen Âge fut encore plus cruel que notre époque, et que la foi, loin d’atténuer notre férocité, l’exacerbe davantage. Car toute foi est passion, et passion signifie aussi bien appétit de souffrir que de faire souffrir. Dès qu’on cesse d’être objet, et dès qu’on ne se moule plus sur la matière, sur l’univers indifférent et froid, on tombe dans les folies et la démesure de l’âme qui est feu, et qui n’existe que pour autant qu’elle se dévore. "
Emil CioranCahiers.

samedi 23 septembre 2017

De la lecture...


  • Viande à brûler, César Fauxbras, Allia. *****
  • Sur l'écriture, Charles Bukowski, Au diable Vauvert. ***
  • Ceux du trimard, Marc Stéphane, Arbre Vengeur. *****
  • Le PARIS de Céline, David Alliot, Editions Alexandrines. **
  • La Petite Gamberge, Robert Giraud, Le dilettante. ***
  • Le journal invisible/Le livre invisible, Sergueï Dovlatov, La Baconnière. ****

samedi 6 mai 2017

Jules Renard - Journal (1887-1910)

“S'il suffisait de se coller un timbre rare sur le dos pour se retrouver à l'étranger !”

“Le talent, c'est comme l'argent : il n'est pas nécessaire d'en avoir pour en parler.”

“J'ai déjà des ennemis parce que je n'ai pas pu trouver de talent à tous ceux qui m'ont dit que j'en étais plein.”

“Quand je pense que, si j'étais veuf, je serais obligé d'aller dîner en ville !”

“Il est sourd de l'oreille gauche : il n'entend pas du côté du coeur.”

“Si l'inspiration existait, il faudrait ne pas l'attendre ; si elle venait, la chasser comme un chien.”

“Il dormait à poings fermés pour cause de décès.”

“La peur de l'ennui est la seule excuse du travail.”

“Amitié, mariage de deux êtres qui ne peuvent pas coucher ensemble.”

“La clarté est la politesse de l'homme de lettres.”

“Le sourire est le commencement de la grimace.”

Pas content...

Charles Bukowski

jeudi 4 mai 2017

Jules Renard - Journal (1887-1910)

“Fier d'avoir remarqué que, quand une femme pète, tout de suite après elle tousse.”

“Pourquoi nous lirions-nous entre jeunes. Nous n'avons rien à apprendre les uns des autres. Nous n'avons qu'à nous admirer de confiance, et sans réserve.”

“Je ne m'embête nulle part, car je trouve que, de s'embêter, c'est s'insulter soi-même.”

“Si l'on estimait sa famille on voudrait lui plaire, et, si l'on voulait lui plaire, on serait fichu.”

“Il faut feuilleter les mauvais livres, éplucher les bons.”

“Le style, c'est ce qui fait dire au directeur, d'un auteur : « Oh ! c'est bien de lui, ça ! »”

“Oh ! on peut lui dire que c'est un garçon ! elle est si bonne mère qu'elle ne vérifiera pas !”

“Quel talent il faut pour écrire dans un journal ! 1° Prendre garde de glisser sur les épluchures et graillons de l'escalier qui monte au bureau de rédaction. 2° Plaire au garçon.”

“Si vieux, qu'il ne sort de sa bouche que des mots qui ont l'air historique.”

“Bernard à un corbillard : – Cocher, êtes-vous libre ?”

mercredi 3 mai 2017

Jules Renard.

Un enfant...

" Un enfant doit naître par hasard et non par calcul, par folie et non par subventions. "
Emil Cioran / Armel Guerne, Correspondances 1961-1978.

mardi 2 mai 2017

Jules Renard - Journal (1887-1910)

“– Et comment va madame ? – Mais je vous remercie : elle va très bien… Ah ! qu'est-ce que je dis là ! Elle est morte.”

“Aujourd'hui on ne sait plus parler, parce qu'on ne sait plus écouter. Rien ne sert de parler bien : il faut parler vite, afin d'arriver avant la réponse, on n'arrive jamais. On peut dire n'importe quoi n'importe comment : c'est toujours coupé. La conversation est un jeu de sécateur, où chacun taille la voix du voisin aussitôt qu'elle pousse.”

“La gloire, c'est d'abord une belle plage. On se roule dans son sable fin, puis, bientôt, on sent une odeur mauvaise, celle des poissons que les femmes viennent vider sur le bord.”

“Surmenons-nous, surmenons-nous pour vivre vite et mourir plus tôt.”

“Ils ne me lisaient pas tous, mais tous étaient frappés.”

“Comprendre tout, c'est n'égaler rien.”

“Le monde n'a peut-être été créé que pour réaliser le mal. Si, au lieu de contrarier le mouvement, nous le suivions, on obtiendrait un bon résultat.”

“Je lui trouve une mine d'animal intelligent : il n'a en trop que la parole.”

“Des jeunes gens de vingt ans m'ont dit : – Vous êtes plus fort que La Fontaine. Quand je répète cela, je dis : – Ils sont jeunes et candides, mais extraordinairement intelligents pour leur âge.”

“Que de gens, au sortir des Tisserands, ont dit : « Et maintenant, allons souper ! » Nous voulons que la misère des autres nous émeuve. C'est bon, ça fait du bien. On se sent meilleur, grandi, tout chose ; mais, de là à donner deux sous…”

“Il ne fut vraiment payé qu'à « l'article » de la mort.”

“Bouderie : une grève de gamins.”

samedi 29 avril 2017

Les jeunes...

" Ces imbéciles de jeunes ne savent pas ce qui les attend, sans quoi ils se suicideraient en masse. "
Emil CioranArmel Guerne, Correspondances 1961-1978.

vendredi 28 avril 2017

La réflexion...

" Réfléchir c’est faire le vide autour de soi, c’est évacuer le réel, c’est ne conserver du monde que le prétexte nécessaire aux interrogations et aux tourments de l’esprit. La réflexion supprime ; elle anéantit tout, sauf elle-même. "
Emil Cioran, Cahiers.

mercredi 26 avril 2017

La jeunesse de Rome...

" Le pape vient de condamner les moyens contraceptifs, la ‘pilule’. Je suis indigné. C’est une mesure criminelle. Ce célibataire imbécile ose se mêler de la vie intime des familles, et vouer au désespoir ou à l’infamie tant de jeunes filles qui ont ‘fauté’… La jeunesse de Rome, au lieu de protester à tort et à travers, ferait mieux de prendre le Vatican d’assaut. "
Emil Cioran, Cahiers.

mardi 25 avril 2017

" S’ennuyer, c’est se sentir inconsubstantiel au monde. "
Emil Cioran, Cahiers.

lundi 24 avril 2017

dimanche 23 avril 2017

La vie...

" Plus je pense à la vie comme phénomène distinct de la matière, plus elle m’épouvante : elle ne s’appuie sur rien, elle représente une improvisation, une tentative, une aventure, et elle m’apparaît si fragile, si inconsistante, si démunie de réalité que je ne puis réfléchir sur elle et ses conditions sans en ressentir un frisson de terreur. Elle n’est qu’un spectacle, qu’une fantaisie de la matière. Nous cesserions d’être si nous savions à quel point nous sommes irréels. Si l’on veut vivre, il faut s’abstenir de penser à la vie, de l’isoler dans l’univers, de vouloir la cerner. "
Emil Cioran, Cahiers.

samedi 22 avril 2017

Bientôt sur vos écrans...

"LE PORTRAIT INOUBLIABLE D'UN ÉCRIVAIN MYTHIQUE
Pour la 1er fois en DVD le 26 avril 2017 dans le cadre de la rétrospective Barbet Schroeder au Centre Pompidou du 21 avril au 11 juin 2017.
Le grand écrivain américain Charles Bukowski évoque tour à tour ses obsessions sur la vie, la mort, la littérature, les femmes et l'alcool... Découvrez pour la première fois en DVD l'intégralité des cinquante entretiens, dont seulement la moitié avait été diffusée à la télévision dans les années 1980. Le cinéaste - qui tournera Barfly en 1987 d'après un scénario de Bukowski - parvient à capter l'aura de cet écrivain bigger than life, véritable génie de la littérature américaine du XXe siècle !
INCLUS UN LIVRET (12 PAGES) EXCLUSIF !"

Enfin !!!!!! Aprés, pour moi, au moins 10 ans d'attente ! Avec des sous-titres en français et une image restaurée ! Amen !


Bohumil Hrabal (1914-1997)

Bohumil Hrabal

vendredi 21 avril 2017

Cré nom de Zeus...

« Paris est comme une prostituée. De loin, elle vous paraît ravissante, vous n’avez de cesse que vous la teniez entre vos bras. Au bout de cinq minutes, vous vous sentez vide, dégoûté de vous-même. Vous avez l’impression d’avoir été roulé. » p.293

« L’autre soir l’idée m’est venue
Cré nom de Zeus d’enculer un pendu ;
Le vent se lève sur la potence,
Voilà mon pendu qui se balance,
J’ai dû l’enculer en sautant,
Cré nom de Zeus on n’est jamais content.
Baiser dans un con trop petit,
Cré nom de Zeus on s’écorche le vit ;
Baiser dans un con trop large,
On ne sait pas où l’on décharge ;
Se branler étant bien emmerdant,
Cré nom de Zeus on n’est jamais content. » (en français dans le texte) p.376

« Le savoir, corbeille à pain vide ! » p.379

« Tout homme qui a des classiques plein le bide est un ennemi de la race humaine ! » p.380

Henry Miller, Tropique du Cancer, Editions Folio, 1934.

mercredi 19 avril 2017

L'orgasme...

“ L’expérience de l’orgasme est une des plus grosses blagues de l’existence. Le summum de l’extase dure en tout et pour tout une seconde – ou moins – et une fois que c’est terminé tu peux absolument pas t’en rappeler. Et après tu te sens misérable. Si t’es avec une femme, t’as envie d’être seul. Si t’es tout seul, tu te sens minable : Pauvre taré ! tu te dis. Encore à te branler comme un macaque ! Mais tu peux pas t’empêcher de le rechercher cet orgasme, encore, et encore, et encore. ”
Mark SaFranko, Confessions d'un loser,  Editions 13e Notes.

mardi 18 avril 2017

lundi 17 avril 2017

La solitude...

" Me trouver de temps en temps seul est pour moi la plus haute des jouissances. "
Lettre du 30 juillet 1854 à son frère Michel. Fiodor Dostoïevski, dans les notes de « Souvenirs de la maison des morts », p.501, Editions Folio.

dimanche 16 avril 2017

Une vraie leçon de vie... :-)



“ Pourquoi nous retirer et abandonner la partie, quand il nous reste tant d'êtres à décevoir ? ”
Emil Cioran, Syllogismes de l'amertume, Editions Folio.

samedi 1 avril 2017

Bukowski


“ En 1986, la TSR diffusait ce portrait de l’écrivain californien, filmé dans son élément, le Los Angeles des laissés-pour-compte, des strip-teaseuses et des prostituées. Un document exceptionnel, une demi-heure aux côtés d’un grand écrivain américain, quel luxe ! ”

vendredi 31 mars 2017

" Il est inutile de respecter les vivants, à moins qu'ils ne soient les plus forts. Dans ce cas, l'expérience conseille plutôt de lécher leurs bottes, fussent-elles merdeuses. Mais les morts doivent être respectés. "
Léon Bloy, Exégèse des Lieux Communs.

Panaït Istrati (1884-1935)

Panaït Istrati

jeudi 30 mars 2017

Méchanceté est Reine...

Copenhague Le Lundi 29 mars 1948,

«[…] Rien à faire avec les éditeurs. Ce sont des commerçants. C’est tout dire. Leur devoir est nous tondre à rien. Les journalistes de nous couvrir de merde. La couverture de fleurs horripile le lecteur. La couverture de merde le fait jouir au sang. Méchanceté est Reine. Haine déesse – Pour ça que ça m’excède qu’on parle ou écrive de moi n’importe où en bien ou en mal. C’est tout kif. Ces réactions sont toujours ignobles et désastreuses. Je préfère qu’on me considère comme mort. C’est déjà beau comme mort d’être moins haï des vivants. Une amie m’écrit que dans «Ici Paris» on a fait passer un écho où je suis paraît-il particulièrement sadique ! «d’après des lettres écrites par moi à des amis» !!! Je ne sais rien de cette saloperie. Moi sadique ? Moi qui me traîne depuis des années dans l’angoisse et la misère et l’ennui et la maladie. Moi dont toute la passion est d’arracher des ¼ de sommeil grâce au véronal… Qui m’en suis toujours tant foutu des turlupinades du sexe ! me voilà sadique ! pas plus qu’alcoolique hélas ! Tous les oublis et griseries me sont bien refusés. Vieux buveur d’eau, vieil emmerdé, naturellement chaste j’ai toujours décrit toutes espèces de dévergonderies pour voir s’en esbaudir les singes humains que je méprise tant ! Comme ils mouillent bichent y croyent les sapajous ! En font-ils des pataquès avec 3 misérables secondes de reproduction ! Comédies et drames et bites partout ! L’immense rigolade ! […]»

Louis-Ferdinand Céline, Lettres à Albert Paraz, 1947-1957, Nouvelle édition, p.80-81, ©Gallimard 2009.

mercredi 29 mars 2017

" Sachez avoir tort. Le monde est rempli de gens qui ont raison. C'est pour cela qu'il écoeure. "
Louis-Ferdinand Céline, Lettre à Henry Miller.

Bukowski en plein travail...

Charles Bukowski

mardi 28 mars 2017

Jouer au con avec un Suicidé en puissance...

A William Packard
Fin octobre 1985
«[…] Ce matin, je me suis payé un méchant duel de vitesse avec une espèce de connard sur l’autoroute de Pasadena, ma gueule de bois faisant resurgir instantanément de mes couilles et de ma tête à la François Villon les 3 bouteilles de Beaujolais picolées la veille. Je suis alors monté jusqu’à 140 à l’heure dans le Virage de la Mort, là où la chair humaine et les os sont fréquemment disloqués dans un violent éclair de néant cramoisi, et il a fini par ralentir, passant de la 5e à la 4e tout en faisant des appels de phares en signe d’abandon. Ca leur apprendra à vouloir jouer au con avec un Suicidé en puissance ! […]» p.348

Charles Bukowski, Correspondance 1958-1994, ©Editions Grasset. Trad. M.Hortemel

lundi 27 mars 2017

Nous bétail con...

Klarskovgaard Le 6 avril 1951,

« Ah fiston si tu penses que les éditeurs se fatiguent ! Ils vivent mon pote, c’est-à-dire qu’ils déconnent, bouffent, boivent, ronflent et baisent – et partent en voyages d’affoîres ! rien de plus, tous macs bien fainéants – le cerveau c’est un muscle malheureux – Ca s’atrophie vite et bien. Ils sont tous à zéro du cerveau – absolument incapables de travailler – L’atroce travail – C’est pour nous le travail, nous bétail con. Ils nous attendent.
Ils ont des « idées »… C’est encore un autre énorme genre de macs et bandits et atrophiés. Ces mecs à idéâââs ! les idéistes et les ideaaalistes !
Mais travailler c’est le contraire de vivre. C’est engraisser les macs. Je t’apprends rien – c’est triste – […]»

Louis-Ferdinand Céline, Lettres à Albert Paraz, 1947-1957, Nouvelle édition, p.373, ©Gallimard 2009.

John Fante (1909-1983)

John Fante

dimanche 26 mars 2017

Louis-Ferdinand Céline (1894-1961)

Louis-Ferdinand Céline

Les damnés

En plein midi
à une petite université près de la plage
à jeun
la sueur ruisselant sur mes bras
une goutte de sueur sur la table
que j’écrase du doigt
le prix du sang le prix du sang
mon dieu ils doivent croire que j’aime ça comme les
   autres
mais c’est pour le pain, la bière et le loyer

le prix du sang
je suis tendu nul mal foutu
pauvres gens je craque je craque

une femme se lève
sort
claque la porte

un poème cochon
on m’a dit de ne pas en lire
ici

trop tard.

je n’arrive pas à voir tous les vers
je lis à haute
voix
désespéré tremblant
nul

ils ne m’entendent pas
et je dis
j’arrête, voilà, c’est
fini.

et plus tard dans ma chambre
il y a du scotch et de la bièere.
le sang d’un lâche.
ce sera donc
mon destin :
grapiller un peu d’argent dans de petites salles
   sombres
en lisant des poèmes dont je suis depuis longtemps
lassé.

moi qui m’imaginais
que les hommes qui conduisaient les bus
ou nettoyaient les latrines
ou assassinaient dans les ruelles étaient des
idiots.

Charles Bukowski, Avec les damnés (Run With The Hunted, 1969~1993) ©Editions Grasset pour la traduction française.

vendredi 24 mars 2017

Comme Piaf tire ses chansons...

Meudon, 30 juillet 1952,

«[…] Ce qu’il y a : c’est que les éditeurs ont très bien pris leur parti de la voyoucratie libraire actuelle qui consiste à ne plus «suivre» un livre mais à tirer des «nouveautés» comme Piaf tire ses chansons – on épuise d’un seul service d’office ta nouveauté <2 ou 4 ans de boulot> et toi auteur TU PEUX CREVER…
Le public s’en fout l’éditeur s’en fout ! (plus les comptes d’auteur bien entendu) La qualité ne compte plus – Le libraire passe très très rarement commande – il risque : Aux services d’office il ne risque RIEN – CQFD – C’est pas sorcier […]»

Louis-Ferdinand Céline, Lettres à Albert Paraz, 1947-1957, Nouvelle édition, p.420, ©Gallimard 2009.

jeudi 23 mars 2017

Subir dignement l’humiliation...

Emil Cioran
“ Rater sa vie, c’est accéder à la poésie — sans le support du talent. ”

“ Point de salut, sinon dans l’imitation du silence. Mais notre loquacité est prénatale. Race de phraseurs, de spermatozoïdes verbeux, nous sommes chimiquement liés au Mot. ”

“ Il est incroyable que la perspective d’avoir un biographe n’ait fait renoncer personne à avoir une vie.”

“ La sagesse ? Subir dignement l’humiliation que nous infligent nos trous.

“ Le poète : un malin qui peut se morfondre à plaisir, qui s’acharne aux perplexités, qui s’en procure par tous les moyens. Ensuite, la naïve postérité s’apitoie sur lui… ”

“  Prolixe par essence, la littérature vit de la pléthore des vocables, du cancer du mot. ”

Emil Cioran, Syllogismes de l'amertume, Folio, 1952.
" La vie c’est des répétitions, jusqu’à la mort. "
Louis-Ferdinand Céline, Féerie pour une autre fois.

mercredi 22 mars 2017

Jacques Sternberg (1923-2006)

Jacques Sternberg

Le micro commande...

Meudon 23/4/55,

«[…] Ce qu’il m’a semblé à propos de TSF. c’est qu’elle n’était pas au point, à savoir qu’il est grotesque d’espérer que le bonhomme va se conformer aux exigences de la machine c’est à la machine, putain de foutre sort, à se rendre esclave absolue du mec ! D’où d’ailleurs ce ton sempiternel abominable des émissions ! le micro commande ! le micro pense ! cent mille fois idiot ! […]»



Louis-Ferdinand Céline, Lettres à Albert Paraz, 1947-1957, Nouvelle édition, p.468-469, ©Gallimard 2009.

mardi 21 mars 2017

confession

attendant la mort
comme un chat
qui sautera sur le
lit

je suis si triste pour
ma femme

elle verra ce
corps
raide
blanc

le secouera une fois,
peut-être deux :

« Hank ! »

Hank ne répondra
pas.

ce n’est pas ma mort qui
m’inquiète, c’est ma femme
laissée seule avec cette
pile de
néant.

je veux
qu’elle sache
cependant
que toutes les nuits
passées à dormir
à ses côtés

et même les futiles
disputes
ont toujours été
des splendeurs

et les mots
difficiles
que j’ai toujours eu peur de
prononcer
je peux à présent les
dire :

je
t’aime.

Charles Bukowski, Avec les damnés (Run With The Hunted, 1969~1993) ©Editions Grasset pour la traduction française.

lundi 20 mars 2017

Paul Léautaud (1872-1956)

Paul Léautaud

La santé...

" La santé est un bien assurément ; mais à ceux qui la possèdent a été refusée la chance de s’en apercevoir, une santé consciente d’elle-même étant une santé compromise ou sur le point de l’être. Comme nul ne jouit de son absence d’infirmités, on peut parler sans exagération aucune d’une punition juste des bien-portants. "
Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né, Folio, 1973.

dimanche 19 mars 2017

Charles Bukowski & Sean Penn



Métro... Boulot... Dodo...

Georges Perec
" Ainsi, voilà ma vie.
Métro, école, école, bibliothèque ou parfois un petit tour… maison, dîner, on écoute les nouvelles, la pluie, le beau temps, les dents de la nièce, l’ascenseur qui ne fonctionne pas, un peu de travail, le lit, parfois un livre, rarement un concert, plus rarement le théâtre, le cinéma… "
Georges Perec, dans une lettre à Jean Duvignaud.